Comment ne pas observer que la loi d’harmonie par le conflit est à l’œuvre en ces heures sombres. Comment ne pas sentir que les cœurs alignés dans la parfaite géométrie de la Hiérarchie, déversent un flot d’amour. Les forces de séparation entre les êtres humains sont mus par la puissance d’amour en activité car l’espoir et la fraternité sont à l’ouvrage.
Le déséquilibre est la manifestation de la loi d’harmonie. Le chaos est la conséquence de notre inaptitude à demeurer en mouvement tout en maintenant l’axe impérieux de l’amour. Être ferme dans son intention et flexible dans l’action pour adapter en continu les formes. C’est aussi là le principe de la respiration qui maintient l’équilibre entre tous les organes mais aussi entre les dimensions subtiles supérieures et inférieures plus denses. Le rythme s'adapte en fonction des besoins cosmiques et non ceux des humains. Voici d'où provient notre grande incompréhension cernant la loi d'harmonie de l'univers.
Le chaos trouble les esprits, même les plus fidèles à la Lumière car il déconstruit des liens anciens et fortement ancrés qui ne sont plus d’actualité. Ceux qui sont d’un naturel positif voient leurs images intérieures s’assombrir. Ils sont envahis par la peur soit de la maladie, soit de la manipulation, soit de leur incapacité à discerner ce qu’ils devraient faire ou comment se comporter. Dans tous les cas, la peur provient toujours de là où la Lumière n’a pas encore pu fortifier l’humain.
Les déséquilibres n’ont pour rôle que de nous aider à nous tenir debout, à comprendre au-delà des formes et à nous installer dans le cœur de la Vie.
La Bhakti détient en cela un enseignement précieux qui est celui de la Dévotion. Bien sûr, avec les siècles les formes dévotionnelles ont pris le dessus sur la voie du milieu et l’esprit de Dévotion s’est perdu.
La dévotion n’implique pas seulement de faire des offrandes pour manifester son état amoureux de Dieu mais de vivre comme Dieu selon la voie féminine dans sa réalisation. La Bhakti Yoga cherche l'équilibre de la force masculine à travers la dimension créatrice féminine. De cette rencontre naît l'enfant qui est la parfaite incarnation de la voie Bhakti.
De vivre avec la simplicité de l’enfant qui génère autour de lui, un courant de sympathie immédiat. L’enfant est l’état même de la dévotion à Dieu. L’enfant, qui n’a pas encore été détourné par l’adulte se tourne naturellement vers les autres et commence à jouer. Il est doué d’émerveillement et de curiosité face à l’existence. C’est tout l’inverse de l’adulte qui se retranche dans son univers connu, qui critique et dévalorise le monde. Les autres sont mauvais, le monde est mauvais à part lui-même bien sûr sauf quand il est doté d’un peu de discernement.
Tandis que l’enfant est un surdoué de Dieu. Il communique avant de savoir parler, il dessine avant de savoir écrire mais surtout il danse avant même de savoir marcher. Cela signifie que l’enfant connaît les lois divines et que déjà le mouvement perpétuel de la vie l’enivre de toute sa magie.
Ce n’est pas qu’il ne voit pas le chaos, qu’il ne perçoit pas le manque d’harmonie qui règne autour de lui mais plutôt qu’il y réagit par une divine indifférence.
Alors comment l’enfant - c’est-à-dire la part infiniment joyeuse en chacun et chacune - agit face au chaos ? Il s’assied et joue à construire quelque chose de merveilleux. Son discernement d’une certaine façon est immédiat. Il sait qu’il ne peut combattre et gagner face au chaos autrement qu’en lui opposant un espace de création unique. Un espace propice au Bien, au Beau et au Vrai que le chaos ne saurait démontrer. Le chaos tient seulement sur la mémoire, sur les conséquences des situations et des choix déjà faits.
Tandis que dans la création unique de l’instant présent, l’enfant guérit, à la fois le passé et lui apporte une ouverture vers l’avenir, il entrouvre un chemin dans le mental de Dieu et rend disponible la beauté et perceptible, l'harmonie cosmique. Si les gens se rassemblaient avec l’esprit de construire ensemble de la beauté, le chaos serait immédiatement transcendé.
Le deuxième aspect de la dévotion est la gratitude. Il ne s’agit pas seulement de dire MERCI d’ailleurs personne ne dit merci lorsque les déconvenues s’enchaînent, que l’on perd son emploi, sa famille, une maladie, un décès. Pourtant, c’est très exactement là que le Mot devrait être prononcé, mais pourquoi ? Car il s’agit à cet instant de s’en remettre à une instance "plus haute" qui nous demande toute notre confiance pendant qu’elle œuvre à rendre accessibles d’autres possibles à travers l'aspect individuel.
Dès lors que nous sommes en résistance avec les événements, nous limitons la réalisation du travail subtil de la Hiérarchie. Mais si nous prononçons le mot MERCI avec une profonde dévotion alors, l’Instance céleste sait qu’elle pourra compte sur notre participation. C’est comme mettre son ordinateur en réseau pour permettre avec une multitude d’autres ordinateurs d’accomplir des opérations qu’un ordinateur seul ne pourrait réaliser. La Hiérarchie ne peut déverser son amour et offrir de nouveaux possibles que si toutes les personnes de bonne volonté à travers l’humanité s'alignent dans un esprit de dévotion et de gratitude dans l'action.
Ce qui nous manque ? De la joie dans le discernement. De la confiance en la Vie et en sa capacité intelligente à toujours produire des opportunités de Bien, de Beau et de Vrai. De la persévérance dans la construction d’un monde qui se régénère par le déséquilibre. Il nous manque de savoir danser lorsque la musique semble s’être évanouie. Il nous manque le désir de se rassembler autrement que pour se distraire car contrairement à la croyance populaire, l’enfant ne distrait pas. Ce que nous appelons « jouer » est son mode d’apprentissage et l'enfant ne cesse jamais d’apprendre. Les adultes se fatiguent car ils ne savent plus mettre de la joie dans leurs activités, ils ne savent pas danser sur les notes de l’existence.
Ils pensent que les vacances, les loisirs et les lieux paradisiaques sont l’unique théâtre du bonheur. Mais le bonheur est tout autre… C’est la faculté à maintenir la joie dans l’activité, la gratitude dans l’épreuve et la volonté d’amour dans le chaos.
Devenir adulte devrait signifier être un enfant qui par son apprentissage permanent, élargit sa conscience au point de pouvoir réinventer le monde à chaque fois que cela est nécessaire. Cela devrait signifier, devenir coresponsable du monde qui nous entoure et de la sauvegarde uniquement de ce qui sera précieux pour les générations futures. Cela devrait signifier, ne pas agir tenu par la peur mais conduit par l’amour.
La peur n'est pas l’apanage de l’enfant mais celui de l’adulte qui a perdu la Joie d'être.
La peur, la mort et le chaos sont dépourvus de pouvoirs face à l’enfant qui demeure toujours en gratitude. Face à la peur, l’enfant oppose l’action. Face à la mort, l’enfant oppose la joie de l’âme qui se sait être éternelle. Face au chaos, l’enfant oppose la danse de l’infini.
Avec l’expérience, nous devrions avoir compris que ce qui est bon pour l’enfant est également bon pour l’adulte : le silence, l’écoute, la curiosité et la magie de l’instant présent.
Crédit Image : inconnu
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