Ittaire le Silencieux

Ittaire était un Roi très aimé de ses sujets. Il était connu pour détenir un très grand pouvoir dont peu connaissaient la portée réelle. À cela s'ajoutait un silence profond qui le caractérisait si bien que personne n'était capable de dater sa dernière parole délivrée. On avait coutume de dire que sa voix est prophétie. À chaque parole délivrée, une prophétie réalisée.
En sa voix, il pouvait contenir la lumière des étoiles et les forces puissantes de la nature. Certains disaient que sa voix propageait les élans du cœur cosmique. D'autres que ses prises de paroles attiraient les rayons du Soleil et que lorsque cela arrivait, les oiseaux descendaient par millier du ciel pour écouter les psalmonieuses symphonies de son cœur.
Son pouvoir consistait à rassembler les voies opposées en un point d'unité où une direction claire et limpide s'ouvrait dans l'esprit de tous ses sujets. Elle indiquait l'embrasement de la raison et du cœur. C'est certainement pourquoi il était tant apprécié, ses sujets percevaient alors l'immense intelligence et l'éblouissante beauté du vivant.
Tous abandonnaient le bruit et le chaos extérieur. Ils se réunissaient ensemble dans un silence profond à l'écoute des cœurs à l'unisson évoquant l'unité des mondes. Ils évoquaient les nobles aspirations de la Terre, le chant de Mère nature, le sifflement des vents dans les hautes montagnes, le bourdonnement des océans, le murmure des forêts et le récit permanent de nos frères animaux.
Les humains ainsi réunis énonçaient silencieusement le mot imprégné d'amour en un point du cœur où la vérité n'est que jaillissement. Ils chantaient la grâce et leurs louanges caressaient les mondes jusqu'à les soulever vers la source de leur destination première.
Pourtant, avec le temps et le silence toujours plus insondable, Ittaire commençait à s'effacer des cœurs et des esprits humains. Cette absence laissa une partie de plus en plus importante de ses sujets oublier le Seigneur Ittaire et son pouvoir. Un jour arriva où seulement quelques uns restaient encore reliés à son silence sans